Des chamallows au ketchup

Attentat près de l’école, enlèvement du président, vol de la tour Eiffel par les tortues Ninja : on s’attend vraiment à tout. Ce jour-là, quand la directrice entre dans la classe avec l’air grave, Gustave et ses copains s’attendent à tout. Mais quand elle prononce le nom de Timéo, la nouvelle prend des allures encore plus terribles.
Timéo c’est l’ennemi, la terreur de l’école, celui qui pousse, frappe, insulte et surnomme Gustave « tête de betterave ». Qu’a-t-il encore fait ? Non, cette fois, il ne s’agit pas de grosse bêtise. Timéo a eu un accident. Il est dans le coma. Pourtant, face à cette annonce terrible, les sentiments de Gustave sont mélangés. Est-il triste ? Énervé ? Pourquoi pleurer pour celui qu’il déteste et que tout le monde redoute ? En un instant il est devenu « le pauvre Timéo ». Le drame peut-il tout faire oublier ?
À la maison, Gustave ne veut pas en parler. Un décalage se crée à l’arrivée de Franck (un vieux pote de lycée de son père), baroudeur, séducteur, musicien, amateur de plongée sous-marine… qui s’installe pour quelques jours à la maison. Son apparence légère cache pourtant une existence moins glamour. Franck aidera, presque malgré lui, ce petit garçon de neuf ans à se changer les idées, faire du tri dans son esprit et finalement à apprendre à ne pas se juger.
À travers ce personnage, le lecteur est confronté à des émotions complexes : culpabilité, tristesse, empathie… Gustave incarne parfaitement le déluge de sensations qui le traversent et qu’il est difficile d’avouer. Cet ouvrage nous touche pourtant grâce à l’extrême sincérité de chacun des protagonistes, dont les uns s’expriment par les mots et d’autres par les sanglots, la frime ou un simple mais formidable dessin.
Lucie Charrier