Les passants noirs (Les murmures / tome 1)

Enzo est pressé. Il traverse le rez-de-chaussée du musée comme une balle sortie du canon. (…) Comme tous les soirs après le lycée, il file salle 226 pour entamer son dialogue furieux avec « La Vague ». Adolescent meurtri, fils d’un caïd de la mafia napolitaine, Enzo vit avec sa mère, ex-conservatrice du Musée d’Orsay, tout juste nommée responsable des réserves du Musée des Beaux-Arts de Lyon. Solitaire, Enzo passe son temps libre devant la toile de Courbet. Il ne l’explique pas mais elle lui « parle ». Un brouhaha obsédant qu’il tente de déchiffrer…
C’est face aux Passants de Honoré Daumier, que Manon, qui tente de semer ses camarades lors d’une visite scolaire, subit, elle, un électrochoc. Ces deux lycéens en marge vont alors entrer en contact et s’entraider dans leur quête respective pour assumer une filiation étouffante, régler des traumatismes enfouis et peut-être même jouer un rôle dans l’avenir de l’Humanité.
Après les polars « botaniques », Guillaume Le Cornec lance une nouvelle saga baptisée « Les murmures » avec pour décor un musée et pour point de départ deux fameuses huiles sur toile du XIX^e. Voilà tout le génie de la Mutinerie, société créée en 2020 par cet auteur Nantais, ancien directeur de maison d’édition : une mise en récit de richesses culturelles ou scientifiques pour donner envie aux adolescents de (re)trouver goût à la Culture. En résulte une fiction haletante, cinématographique, où se mêlent mensonges, menaces, meurtres, sur fond de scandales écologiques mondiaux et de corruption. Le texte, puissant, exigeant, trouve aussi sa justesse dans la complexité des personnages et dans les bouleversements qu’ils affrontent afin de démasquer « la plus grande dégueulasserie de l’histoire de la dégueulasserie ».
Lucie Charrier