Rosie court toujours

1,2,3, c’est parti ! Sur la piste, coursant le lièvre artificiel, les lévriers aux dossards multicolores sont comme des chevaux lancés au galop et Rosie, dossard numéro 2, est la plus rapide. Mais la nuit, Rosie rêve de forêts et de prairies. Alors, au deuxième jour de la compétition, le lévrier prend son élan et s’envole hors du circuit. Ni le drapeau à damiers, ni l’homme au sifflet ne parviennent à l’arrêter, elle court désormais vers la liberté. Marika Maijala crayonne, remplit, colorie aussi vite que court Rosie. De simples ronds ébahis suffisent à dire la stupeur des spectateurs, tandis que les paysages qui défilent, la ville qui gronde, la mer qui s’agite, s’animent au gré des coups de pastels gras colorés qui s’étalent et jouent avec le blanc des larges double-pages. Aussi effilé qu’une fusée, le chien épris de grands espaces n’est plus qu’une ligne, un jet, un souffle puissant qui traverse l’image. Le dessin, gestuel, spontané, enfantin, libre, à l’image de Rosie, part dans tous les sens, sans fatigue, sans limite, et le récit se lit d’une traite, comme une respiration, revigorante et vitale.
Lucie Charrier