21
juin
2022

LE VOYAGE À NANTES ?

UN TRIP À FAIRE EN FAMILLE…

LA SÉLECTION ÉDITION 2022
À Nantes, tous les étés, on voyage. Cette édition nous emporte dans « le théâtre des opérations », tout un programme… Nous vous avons concocté un parcours spécial famille et on a même demandé à certains artistes de nous écrire une petite bafouille à destination des enfants. On commence par les nouveautés et on poursuit avec la « collection ». Bon voyage.

On commence notre périple dans un nouveau spot du parcours. Enfin, nouveau, il faut le dire vite puisque l’on vous emmène dans le cimetière Miséricorde (ouvert en 1793), surnommé le Père Lachaise nantais et proche de la place Viarme. Pascal Convert y installe l’œuvre permanence empreinte de poésie Miroirs des temps. Dans la partie ancienne du cimetière à la végétation dense, cerf, biche et chevreuil apparaissent de manière évanescente. Protectrices et apaisantes, ces sculptures en bas-relief sur dalle en verre « accordent leur miséricorde, nous réparent des accidents du passé… »

Le mot de l’artiste. Quand on est enfant, on n’entre pas sans une émotion inquiète dans un cimetière qui apparaît comme le lieu du définitif. Mais, au cimetière de la Miséricorde à Nantes, rien n’est définitif. Si on prend le temps de regarder l’espace, la vie est présente autour des tombes, dans les mouvements du ciel, le passage des oiseaux. Le rythme du temps continue à s’écrire sur les pierres couvertes de lierre. Ce cimetière est un lieu de disparition. Mais aussi d’apparition. La présence d’animaux fantômes qui nous suivent du regard, d’animaux sur la tête desquels poussent des arbres qui les relient au ciel, retire à ce lieu l’autorité que donnerait la mort. S’il est bien un lieu où l’on ne sait pas, c’est bien ici. Pascal Convert

Direction le centre-ville pour découvrir la seconde partie du travail de Pascal Convert qui investit le Passage Sainte-Croix avec son exposition (temporaire !) Le temps du sacré. On y découvre comment l’œuvre du cimetière a été réalisée mais pas que ! De la place Félix-Fournier à la place Graslin, les questions de la mémoire, du voyage et de l’identité sont au centre de l’installation proposée par Hélène Delprat qui donne son nom à l’ensemble de la manifestation : Le Théâtre des opérations. Artiste inclassable, elle s’inspire de la littérature, du cinéma et de l’histoire pour en raconter une autre, démesurée et fictionnelle.

Le mot de l’artiste. “L’explication “ si on utilise ce terme ne vient qu’après l’observation. Il ne s’agit d’ailleurs pas d’expliquer (comme on le ferait pour un système, une formule ou une expérience scientifique) mais de proposer des pistes de réflexion. Regarder est le plus important et interpréter comme on l’entend dans un premier temps sans qu’aucun guide n’interfère. Il n’y a pas une seule lecture je l’espère. Les images publicitaires et la communication se chargent d’imposer et pour une seule cause, le commerce, une seule façon de voir. 
Je n’aime pas le principe pédagogique qui veut que l’on donne des solutions avant que les questions / interrogations ne soient en place. Qu’ils s’agissent d’enfants ou d’adultes. Peu importe. Il est à mon sens important de préciser aux enfants qu’une œuvre n’est pas une vérité en soi mais qu’elle est aussi la réaction d’un individu appelé artiste face au monde qui l’entoure. Les œuvres ont des sources, des références visibles ou pas. Elles ne sont pas un loisir et n’ont rien à voir avec « l’inspiration « mais le travail et la recherche. Il faut du temps pour observer, être disponible face à un monde nouveau qui peut être rébarbatif, clos, difficile. 
Ce qui semble virtuose n’est pas la garantie d’une œuvre importante. Ce qui semble « simple « n’est pas le signe d’une défaillance ou pauvreté de penser. Donc quelle que soit l’œuvre, ne pas s’empresser de la juger. Être disponible à recevoir et réfléchir c’est le plus important. L’ignorance est souvent à l’origine de jugements hâtifs, d’idées toutes faites sur les choses. 
Quant à ce que je présente, je laisse à chacun.e l’entière liberté d’interprétation. Il y a des mots clés comme « le théâtre des opérations « qui est un terme militaire et le titre. J’utilise toujours des titres soit pour éclairer soit pour brouiller la lecture. Le titre n’est pas forcément une description de ce que l’on voit. 
Je laisse donc aux enfants le soin d’inventer comme ils le souhaitent ce que cela leur suggère. Qui sont ces personnages : hommes, guerrier, bêtes, êtres hybrides, singes. Que font-ils ? Sortent-ils d’un théâtre, vont-ils manifester ? Sont-ils menaçants ? Et ces étoiles sur lesquelles ils prennent place, que sont-elles ? Des radeaux, des îles, est-ce un monde perdu, la fin du monde, l’arche de Noé pour une assemblée d’ombres Chinoises, de marionnettes plates mais immenses. 
Et que crie l’ange dans son gigantesque haut-parleur ? Annonce t’il quelque chose ? Un bal ou une apocalypse ? 
A chacun de dire… 

Mots clés : théâtre, tenture, découpages, Lotte Reininger, (ses films d’animation en silhouettes noires, Calder (le cirque ) HC Andersen ( et ses découpages ) cérémonie, héraldique, drapeaux. Hélène Delprat

Non loin de là, sur la « toute nouvelle » place du Commerce, on découvre les Façades chromatiques du designer Alexandre Benjamin Navet. Le trait, les aplats, les couleurs vives redessinent l’architecture de la place et d’éléments d’ornements. Une installation théâtrale où l’espace public s’anime.

Le mot de l’artiste. L’œuvre réalisée à Nantes est un grand décor coloré, comme une esquisse rêvée dans un carnet qui aurait pris vie sur cette place de la ville. C’est l’été, c’est une fête, et tout le monde est invité ! Alexandre Benjamin Navet

À quelques enclavures, la rue Bias fait peau neuve avec la mise en peinture de Krijn de Koning, Extensions. S’inspirant des formes et couleurs environnantes, l’artiste propose de nouveaux repères visuels et emprunte à l’architecture son vocabulaire de base (sol, mur, plafond, ouverture) pour créer la surprise de nouvelles perspectives. S’appuyant sur deux curiosités historiques de la rue, l’espace se redessine en sculpture urbaine.

On remonte vers le centre historique, porte Saint-Pierre, pour redécouvrir Un castor sur un mur, l’œuvre de Laurent le Deunff, déplacée pour cette édition. Un animal « totem » aussi espiègle et narratif que l’univers de l’artiste.

Le mot de l’artiste. Sculpture, Castor et poisson. C’est une sculpture en bronze d’après la représentation qui était faite du castor au Moyen-Âge, un animal à poil avec une queue de poisson. Laurent Le Deunff

On file vers la Loire, a à peine 300 mètres, où Charles Fréger investit à nouveau une partie du Château de ducs de Bretagne avec le projet photographique AAM AASTHA. L’occasion de découvrir en avant-première près de 90 photographies inédites de l’artiste qui poursuit ses recherches sur les mascarades dans le monde. Pour cette série, il s’est intéressé au Ramayana, épopée fondatrice de l’indouisme, entre cosmologie et mythologie.
Au marché de Talensac, à l’intérieur de la halle, c’est l’artiste britannique mais néanmoins nantais d’adoption, Gavin Pryke, qui installe ses Automates à l’unisson. « Dix nouveaux portraits de vrais-faux personnages sont installés comme des enseignes vivantes (…) ».

On change de quartier, direction l’Île de Nantes et le Hangar à Bananes pour découvrir à la Hab Galerie la grande exposition de Michael Beutler, Plonger et puiser. Michael Beutler élabore des machines et des outils avec lesquels il produit des formes modulaires qu’il assemble pour former une installation à la fois précaire et généreuse. Pour la Hab, il réinvente la fabrique à papier et ses machines indispensables, pour créer les actions se résumant à broyer, plonger, puiser, presser et sécher la matière. De ces processus, de gigantesques feuilles de papier sont ainsi fabriquées et forment la matière première de la sculpture monumentale et fragile qui nous est donné d’arpenter. De quoi découvrir comment le papier se fabrique, cette denrée devenue rare aujourd’hui ! Juste à côté, du boulevard des Antilles à la rue Saint-Domingue, l’Atelier Vecteur ouvre une brèche dans le no man’s land du « jardin des rails » avec l’installation Entre-temps, La traversée du Solilab.

Mais le voyage ne s’arrête pas ici, il vous reste encore beaucoup à découvrir au gré de vos balades dans la cité des ducs.

LA SÉLECTION TOUTE ÉDITION
On sort de la ville pour partir en balade avec les gamins ? On vous a fait une petite sélection parmi la soixantaine d’œuvres permanentes du voyage à Nantes alors… on n’oublie surtout pas de passer par là :

À LA PLAGE :
À Saint-Brévin : Serpent d’océan de Huang Yong Ping est un squelette (de serpent) qui semble issu d’une fouille archéologique… La marée montante ou descendante change notre regard. Impressionnant !
• Pointe de Mindin, Saint-Brevin-les-Pins

À Saint-Nazaire : la Suite de triangles de Felice Varini se regarde de la terrasse panoramique à deux pas de la base sous-marine. Immanquable ! Base qui accueille sur son toit également Le Jardin du Tiers-Paysage de Gilles Clément. Mais ce sont les pieds dans l’eau, non loin de là, qu’on découvre Le pied, le pull-over et le système digestif de Daniel Dewar et Grégory Gicquel. Et, en plus, on peut se baquer !
• Toit de la Terrasse Panoramique, avenue de la Forme Écluse, Saint-Nazaire
• Toit de la base sous-marine, Saint-Nazaire
• Avant-port, Saint-Nazaire

SUR LES BORDS DE LOIRE :
Rive gauche : l’œuvre Misconceivable – (Méconcevable) d’Erwin Wurm surprendra sûrement les enfants ! Un voilier abandonné se penche
et se plie comme s’il était irrésistiblement attiré par le fleuve.
• Écluse du canal de la Martinière, Le Pellerin
Rive droite : ici, tout est dans le titre, La Maison dans la Loire de Jean-Luc Courcoult. Non, vous ne rêvez pas, il y a bien une maison dans la Loire…
• Quai Émile Paraf, Couëron

DANS LE VIGNOBLE :
« Le Porte-Vue de Emmanuel Ritz à Château-Thébaud déplie ses trente mètres de passerelle, dont vingt au-dessus du vide. » Aïe Aïe Aïe…
Ça fait carrément peur. Pour ceux qui ont le vertige, on oublie !
• Mairie, Place de l’Église, Château-Thébaud
Ce n’est qu’une sélection mais, déjà, si vous avez fait tout ça, peut-être que vous aimeriez vous poser et pourquoi pas, manger un homard avec un bon Muscadet (pas pour les enfants, bien entendu)… Direction Vertou et le Château de La Frémoire et vous serez repus.

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