!N X OUT : C’EST QUOI GRANDIR ?

→ Dis Sixtine, tu te souviens quand tu as eu conscience de vraiment grandir ?
Je crois que c’est quand j’ai eu en tête de partir à l’étranger… Il y a déjà un an et demi que j’y pense, depuis la fin de 4e.
→ Pourquoi vouloir partir ?
Pour parler une autre langue, découvrir une nouvelle culture, de nouvelles personnes… j’ai donc décidé de faire une année de césure en partant à l’étranger.
→ Tu feras ta classe de 1ère en 2022 alors ?
Oui, c’est pour ça que j’ai hésité au début, ça me faisait peur de revenir et que tous mes amis soient en Terminale…
→ Tu penses que ça va te faire grandir plus vite ?
Je suis pas mal timide avec de nouvelles personnes, donc là je me dis qu’il va falloir que je m’y mette ! J’ai lu beaucoup de témoignages comme quoi ça aide, à prendre des responsabilités, se débrouiller… grandir justement !
→ Et d’être éloignée de ta famille, ça t’angoisse ?
Non, ça ne m’effraie pas. Ce qui me ferait plus peur ce serait de partir pour ne pas revenir, je me dirais ça y est je suis adulte… Là, je sais que je vais revenir pour au moins encore deux ans chez mes parents donc ça va, c’est pas une grosse rupture.
→ Tu n’as pas du tout peur alors ?
Plus maintenant. C’est le moment de vivre son adolescence à fond, pas juste aller au lycée, faire ses devoirs, tout ça…
→ Tes parents, ils ont dit quoi ?
Que c’était une super idée, ils m’ont beaucoup soutenue et encouragée.
→ Et tu es flippée à l’idée de devoir te débrouiller dans une autre langue ?
En fait ça va… Juste, tout le monde va écrire sixteen au lieu de Sixtine ! (Rires) Mais je suis contente car je vais vivre beaucoup de choses en un an.
→ Alors qu’est-ce que ça voudrait dire finalement grandir ?
Je dirais… mûrir, prendre de l’autonomie, et aussi au sens propre du terme, grandir en taille ! Mais surtout mûrir je pense.
→ Il y a quoi de négatif dans le fait de grandir ?
Parfois, je me dis que j’aimerais bien retourner en primaire, là où il n’y a pas de pression, pas d’évals tout le temps, de ParcoursSup… L’innocence, vivre sans responsabilités. Et surtout, on ne peut pas faire marche arrière…
→ Une forme d’insouciance quoi.
Oui. Mais je n’y pense pas tant que ça… J’ai plein de projets en tête. Je crois que les jeunes se disent beaucoup plus ça qu’avant, qu’on a qu’une vie, qu’il faut en profiter.
→ Et grandir quand on est une fille, c’est toujours facile ?
C’est vrai que quand mon corps est devenu davantage celui d’une femme et plus celui d’une petite fille, j’ai dû faire face à des trucs pas agréables, des remarques dans la rue ou le fait de ne pas pouvoir porter de hauts à bretelles ou de short au lycée, juste parce que « ça pourrait exciter les garçons » (On profite de cette tribune pour rappeler que l’argument est moisi)… Des trucs comme ça, oui, c’est pas évident.
→ Et l’autonomie ?
Je vois bien la différence avec il y a deux ans, je peux plus faire ma vie, même si bon, avec le covid… Avec les confinements j’ai raté des choses, c’est sûr. Mais ça va.
→ Grandir c’est pas vieillir alors ?
Hum… Après grandir, c’est vieillir donc… D’abord tu grandis, tu en profites, après seulement tu vieillis.
→ Donc tu crois qu’il y a un palier où on arrête de grandir et où on vieillit seulement ?
Je sais pas trop… À partir de 30 ans peut-être ? Là, les gens commencent à s’installer, à avoir une vie, à faire des enfants. Mais bon, il y a des gens qui deviennent adultes à 50 ans et d’autres à 20 !

Propos recueillis par Elsa Gambin (qui se situe quelque part entre 20 et 50 ans, grandit encore et n’est PAS vieille).