9
octobre
2020

DOSSIER APPARENCE X APPARTENANCE : T’AS LE STYLE COCO

> DOSSIERS
Article du dossier :
"APPARENCE X APPARTENANCE"

Dans ce premier numéro d’OH!BAH, qui se fabrique en pleine polémique sur le look que peuvent arborer nos ados au sein des établissements scolaires, nous avons eu envie de voir comment l’enfant et l’adolescent créent leur identité propre par le biais de l’apparence. Reflet d’une époque, le style est aussi un marqueur de revendication individuelle et sociétale, un chemin vers une construction personnelle, un indicateur de l’évolution de l’égalité femme-homme… Bref, l’apparence c’est une vraie appartenance à un mode de pensée qu’on a eu envie de décortiquer !

PRÉAMBULE
OH!BAH est le nouveau magazine porté par l’équipe de feu BIGRE. C’est la même équipe rédactionnelle et, comme à notre habitude, on ne portera pas de jugement personnel. On ne parlera pas de marques ni de pouvoir d’achat : chacun fait comme il peut, comme il veut, ça ne nous regarde pas. Ce premier dossier se veut léger, comme pour marquer une connivence que l’on souhaiterait garder ! Le prochain numéro abordera la question de la fratrie et nous laisserons la parole aux experts du sujet qui nous en diront plus !

TOUT PETIT DÉJÀ !
Avec leur petite gueule d’ange, les tout-petits attirent notre regard. Et qu’est-ce qu’on voit ? Il y a ceux qui portent les vêtements de leurs ainés, ceux qui arborent fièrement de leur poussette un T-Shirt des Ramones ou d’ACDC, ceux qui sont absolument non-genrés, ceux qui préfèrent le confort et ceux qui misent tout sur le style… Bref, dès le plus jeune âge, l’apparence participe à la vision qu’on a de l’autre par le biais de son appartenance à un milieu, une famille. Et c’est grâce à qui tout ça ? Aux parents, évidemment ! (On n’avait pas dit qu’on ne serait pas stigmatisant ?)

L’ÂGE DE RAISON (À MOINS QUE CE NE SOIT L’ÂGE DE « J’AI RAISON » ?)
En rentrant à l’école, si bien évidemment on a encore notre mot à dire, d’autres paramètres interviennent. Et oui, c’est presque fini le temps où papa-maman décident de tout, projettent leur image sur leur gamin. L’école, c’est la sociabilisation, c’est la confrontation à l’autre… bref, c’est la rencontre entre l’éducation (ou le milieu) et la construction d’un « moi » qui dépasse le cercle familial. Attention, si votre fils Gérard (ça va revenir à la mode Gérard !) est fan de foot et arbore fièrement, comme papa, un T-Shirt du FC Nantes, il y a de grande chance pour qu’il se fasse des copains qui aiment taper dans le ballon rond. Pas d’inquiétude pour l’instant, c’est plus tard que ça peut se corser !

Selon les recherches de sociologues qui se sont penchés sur le sujet, les enfants seraient plus enclins à s’identifier à leurs idoles qu’à leurs parents. Aïe, l’ego en prend un petit coup, là, non ? Cela ne veut pas dire que Gertrude (pas sûr que ça revienne à la mode Gertrude !) va vouloir ressembler à Angèle et se teindre en blonde platine, mais il y a des chances que Gertru’ et ses copines aient un peu envie de lui ressembler. Faut voir le bon côté, c’est plus soft qu’un look à la Billie Eilish ! Enfin… pour des écolières quoi !

Grosso-modo, les exigences des gamins niveau style sont souvent encore très genrés. Si les garçons ne sont pas encore à revendiquer leur virilité, leur exigence s’arrête dans la majorité des cas au fait qu’ils n’ont pas forcément envie de porter du rose, trop féminin dans l’inconscient collectif. Les minettes, elles, ont moins de pression niveau couleur. En revanche, et l’actualité le démontre une fois de plus, les stéréotypes ont la dent dure et la pression exercée sur la femme, image dont la plupart des fillettes se réfèrent puisque c’est leur genre, est plus marquée. Il n’est pas rare qu’on dise d’une fille qu’elle est un garçon manqué ou, à contrario, qu’elle est une lolita ! Les deux termes étant péjoratifs et participant à la construction de l’image que l’on a de soi. Le droit de s’habiller comme on le souhaite n’est pas encore une affaire réglée, ni pour les fillettes, ni pour leur maman ; rappelons que le droit de porter un pantalon pour une femme date de 2013. Avant cela, la loi du 7 novembre 1800 encore en vigueur stipulait ceci : « toute femme désirant s’habiller en homme doit se présenter à la Préfecture de police pour en obtenir l’autorisation ». Aïe ! Mais je m’égare… Ce qui compte le plus à leur âge, ça reste quand même d’être bien confort dans leurs petits souliers.

L’ADOLESCENCE… ON S’AFFIRME DANS L’ENTRE DEUX !
Fini le Tan’s, bonjour le sac US ! Oups ! Il y a comme une petite erreur d’époque. Mais on peut tout de même dire qu’à cet âge-là, il y a comme un petit retour des uniformes. Rappeuse-rappeur, métalleux-métalleuse, style Kpop ou synthpop ou BCBG… ce qui compte pour certains, c’est d’être stylé de la tête aux pieds. Et c’est là, dans ces années collège où la pression vestimentaire peut atteindre son paroxysme, que l’apparence devient une véritable appartenance ; non plus à son milieu d’origine mais à ce que l’on souhaite affirmer de soi par rapport aux autres.

Rester singulier (plutôt au lycée) ou se conformer aux « populaires », c’est aussi se construire une identité propre qui passe parfois par le rejet des valeurs qui nous ont été inculquées. Et si on ajoute à ça une consommation, plus que de raison, de certains fils d’influenceurs qui feraient bien de la fermer… et bien… on n’est pas rendu, comme on dit à l’Ouest. Car si grands qu’ils pensent être, nos ados sont sous influences. Influence de leurs hormones, influence du groupe, influence des médias… il faut bien tester avant de savoir ce qu’on aime et qui on est. Si, du jour au lendemain, un accessoire prend une place qui peut vous faire imaginer que votre enfant est sous une influence dangereuse, bien sûr il faut s’inquiéter mais c’est bien aussi de tester le croc top pour se rendre compte, bien plus tard, qu’en fait c’est moche. Et c’est grave ? Non ! La tenue républicaine correcte exigée, ce n’est qu’une régression de nos libertés.

Notre jeunesse crie aujourd’hui haut et fort que les jeunes filles ont le droit de porter des mini-jupes, de petits hauts qui suggèrent leurs formes. C’est elle qui relève qu’on n’emmerde pas un bonhomme parce qu’il est en short, en slim qui le moule, en caleçon qui dépasse… et j’en passe. Certains disent que notre jeunesse se déguise, qu’il faudrait qu’elle rentre dans le rang. Mais ne serait-ce pas un moyen d’obliger le jeune à ne pas expérimenter, à l’inciter à la pensée unique, l’apparence lissée, dans le but à peine caché d’appartenir à une société qui serait facile à manipuler ?

Les différences, celles liées à nos apparences notamment, forment la richesse de notre société pluriculturelle. Heureusement, tous nos gamins ne passent pas par la case « crise » vestimentaire, mais on a envie de dire : laissons-les faire.

Valérie Marion

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