16
juin
2023

LE TEMPS D’UNE PAUSE AVEC OLIVIER TEXIER

Auteur prolifique de super BD, c’est la troisième fois qu’Olivier Texier participe au Voyage à Nantes. Une première fois en 2012 avec Quentin Faucompré avec l’expo Tissus Urbains. Une seconde fois en 2014 avec Quentin (toujours) et Pascal Lebrain pour Viva Las Vegas, une série d’enseignes. Cette année, il revient seul et s’attaque au volume ! Une grande première pour ce dessinateur amoureux de l’absurde et du décalage.

Olivier Texier sculpteur… c’est quoi ce délire ?
Non, ce n’est pas moi qui sculpte ! Il m’aurait fallu 10 ans de formation pour les réaliser moi-même, il y a donc quatre équipes de sculpteurs, des pros, qui travaillent dessus. Chacun sa pièce. Ils travaillent tous à l’ancienne même si elles sont en résine et pas en bronze ou en marbre. Je fais la direction artistique, je leur dis ce que j’en pense et leur fais corriger des petites choses, mais ce sont des gens très doués. Je suis épaté de voir mes dessins se transformer en volume de 3 mètres de haut… c’est impressionnant ! Ça donne parfois même l’impression de redevenir un enfant à côté de sa maman (rires). Tu te sens petit !

Mais, ce projet, c’est ton initiative ?
Non plus ! L’équipe du Voyage à Nantes (VAN) est venue me chercher avec une idée déjà assez précise de ce qu’elle voulait… Elle voulait descendre de leur piédestal quatre statues nantaises, les faire bouger et investir l’espace public. Et elle a pensé à moi ! J’ai été assez surpris. Comme j’aime assez les contraintes quand je travaille, je suis resté sur les choix qu’elle avait fait (Cambronne, Mellinet et les allégories de la Loire et de Nantes). J’ai trouvé ça intéressant. Libre à moi de leur trouver des positions, des endroits où les mettre et l’histoire que ça raconte…

Chaque statue raconte une histoire ?
Ouais, enfin une histoire… c’est pas hyper développé non plus, il n’y a pas un scénario à chaque fois (rires), mais l’idée c’est que quand tu tombes dessus dans la rue, tu te racontes une petite histoire. C’est faire travailler un peu l’imagination, que ça interroge, surprenne et que ça fasse rigoler ou sourire. Au départ, je suis parti tous azimuts. Je me suis beaucoup promené en ville pour trouver des endroits et j’ai eu plein d’idées… Je suis d’abord parti dans le gag. Genre que les statues faisaient des conneries et finalement, je suis parti sur des trucs moins gaguesques et moins anecdotiques aussi. Plus universel et poétique finalement. C’est presque une narration en une case une sculpture donc j’ai un peu laissé tomber l’idée de faire des gags ! j’ai juste gardé l’allégorie de la Loire sur la Loire… enfin dans le Navibus.

C’est un grand format, elle va prendre de la place la Loire !
Ouais, elles font toutes entre 2,2 et 3 mètres de haut. Quand on voit les vraies, vu qu’elles sont sur leur piédestal, elles paraissent à taille humaine mais une fois descendues, elles sont immenses ! Donc oui, la Loire va prendre de la place dans le Navibus. Surtout avec ses vêtements, ses drapés, ses jarres… elle va avoir une sacrée présence. Les autres aussi d’ailleurs. Comme Cambronne assis en terrasse à la Cigale. Quand on connaît un peu son histoire, on sait qu’il picolait sévère. On le récupérait dans les fossés pour le raccompagner chez lui ; c’était une vedette nationale quand même ! Il est descendu de son piédestal pour aller boire un coup à proximité, au premier bar quoi. Allez ! (Rires) Toutes ces statues jettent un peu un regard ironique, assez détendu mais un peu interrogateur sur Nantes aujourd’hui.

Du coup, habituellement on les regarde et là, c’est presque elles qui nous regardent ?
Oui c’est vrai, il y a de ça, mais je n’y avais pas pensé. Effectivement, ce sont plus elles qui nous observent. Les vraies, sur leur piédestal, on admire des guerriers ou des allégories. Là, elles descendent parmi nous et elles nous regardent, voire nous jugent un peu. C’est aussi ça qui est intéressant, ce sont les interprétations que ça va susciter. Les choses immobiles comme ça, ça parle aussi de notre mobilité à nous, de notre frénésie, du fait qu’on va trop vite aussi, qu’on soit complètement captés par les nouvelles technologies. J’aime bien aussi l’idée qu’elles se posent et qu’elles soient en pause.

Tu as d’autres projets ?
Bah, c’est marrant parce que je suis justement un peu en pause sur mon travail d’édition de BD. J’ai toujours dessiné de manière frénétique et là, j’avais un peu l’impression d’être à la fin d’un cycle. Passer au volume, c’était hyper intéressant ! Maintenant, faut que j’invente de nouvelles formes de narration et que j’achète de nouveaux crayons !

Propos recueillis par Valérie MARION

otexier.blogspot.com

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