5
avril
2022

SE PRÉPARER AVANT LE GO !

Enceinte déjà, il faut prévoir son mode de garde, mais le parcours ne s’arrête pas à des dossiers administratifs. Il faut déterminer ce qui paraît le mieux pour nous et pour notre bébé, il faut aussi se préparer à se séparer. Nous sommes allées à la rencontre de Marie Baudrand, présidente de la Marouette, lieu d’accueil parents-enfants, pour nous aider à saisir ces étapes clefs de manière générale.

Des étapes… on commence par quoi ?
Très en amont, on commence par s’interroger sur ce qui nous paraît le mieux comme mode de garde. Certaines mamans (ou substitut maternel) sont rassurées par les modes de garde collectifs, qui sont souvent perçus comme permettant une socialisation plus fournie, dans le sens où ils vont rencontrer plus d’adultes et d’enfants. D’autres choisissent les assistantes maternelles qui, pour elles, seraient plus à l’écoute du bébé, reproduiraient davantage le modèle familial. Les idées reçues sur les modes de garde sont multiples mais ces métiers sont encadrés et ils ont chacun leurs atouts et leurs limites Ce qui est important, c’est d’anticiper, de faire son choix de manière éclairée et d’accorder ensuite sa confiance afin d’accompagner son enfant vers la crèche ou chez l’assistante maternelle sans inquiétude.

Le choix est fait, bébé est arrivé. Ça va être concret… Que fait-on ?
L’important, c’est que l’enfant soit en sécurité affective. Dans l’idéal, cela signifie une maman qui n’est pas trop angoissée, pas culpabilisée de laisser son bébé. Les mamans ont souvent le sentiment qu’elles sont les seules à pouvoir décoder les besoins du petit, le sens de ses pleurs. C’est un peu vrai d’ailleurs. Il y a donc un travail à faire pour préparer cette séparation. Il faut qu’il y ait à la base un climat plutôt serein, rassurant. Le bébé est une éponge émotionnelle. Si les émotions de la maman sont teintées d’anxiété, du stress de la séparation, le bébé va l’absorber. Lorsque la mère est en accord avec ce choix, qu’elle sait que c’est une étape nécessaire parce que se séparer c’est grandir, se socialiser, acquérir de l’autonomie, elle est prête et l’enfant aussi. On se prépare donc à cette étape et les parents vont pouvoir en parler avec le bébé. Ils peuvent par exemple passer devant la crèche en poussette et dire à l’enfant qu’il va en rencontrer d’autres dans ce lieu. L’accueil ensuite se fait progressivement, peu à peu.

Parler de ça à un bébé même de trois mois ?
Oui, c’est toujours bien de parler à son enfant. Mais on le prépare aussi autrement. Plus le bébé est jeune, plus il est facile à confier, (pas forcément pour les parents  !). On peut commencer tout doux et très tôt avec les grands-parents par exemple. Il faut savoir qu’il y a des âges où c’est un peu plus compliqué de laisser un bébé (qui n’en a pas l’habitude). On parle par exemple de l’angoisse de séparation du 8e mois. Tous les enfants de 8 mois ne sont pas pris d’une angoisse envahissante mais c’est une période d’individualisation où ils se différencient. Ils découvrent qu’eux-mêmes ne sont pas leur maman, alors que jusque-là c’était fusionnel entre eux. Le bébé craint alors de perdre ceux auxquels il est attaché, sa mère en priorité… Ce moment-là, du développement normal d’un enfant, n’est peut-être pas le meilleur pour commencer la séparation avec un mode de garde, tout comme de faire un long voyage sans lui… Mais de manière générale, plus l’enfant est habitué à voir des visages nouveaux, moins il sera inquiet au moment où il va les rencontrer. S’il a été pris aux bras par d’autres, des oncles, des tantes, des grands-parents, des amis, cela facilite l’ouverture au monde. C’est donc important qu’en amont, il y ait déjà eu une découverte des autres en famille ou dans des lieux dédiés à l’accueil des tout-petits. Les mamans qui ne confient pas leur enfant pensent le protéger alors que pour lui ensuite, c’est souvent plus compliqué. Il se détourne d’un visage nouveau, qui l’inquiète, ne lui sourit pas, il pleure s’il ne voit pas sa mère.

Et le doudou dans tout ça ?
Oui, on le sait maintenant mais c’est bien de le rappeler. C’est l’objet de transition qui aide au passage de la maison vers l’extérieur. Il ne faut pas négliger ça. Il est très investi car il représente la présence rassurante, apaisante de la mère, face aux situations nouvelles. C’est souvent un drame quand il est égaré !

On a tout mis en place pour le mieux, on est heureux de retrouver sa vie perso et pourtant, on culpabilise quand même de laisser son petit…
Nous ne sommes pas dédiés uniquement au bonheur de notre enfant. Nous avons aussi nos propres vies à mener. Cette séparation, il faut la voir comme une avancée pour le parent comme pour le bébé ! Le sentiment de culpabilité vient souvent de ne pas avoir pris un congé parental, d’avoir privilégié sa vie professionnelle ou sa liberté. Si on en parle, si on échange, on comprend que l’on a bien le droit d’avoir un travail qui intéresse ou du temps pour soi, et ça ne pose pas de problème. De plus, le bébé prend assez rapidement conscience que ses parents vont revenir le chercher… et s’il a un coup de blues, il a l’objet transitionnel : le doudou qui représente sa maman. Donc pas de panique !

Le mot de la fin ?
Le parent parfait, et notamment la mère idéale, n’existe pas mais s’ils ont donné à l’enfant un socle, une sécurité affective, en répondant à ses besoins physiologiques certes mais aussi émotionnels, tout devrait se passer pour le mieux dans un climat de confiance rassurant pour le bébé comme pour eux-mêmes.

 

Propos recueillis par Valérie Marion

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