29
novembre
2022

COMPLÈTEMENT MABOUL !

Ils se sont rencontrés sur des monocycles à Rennes mais se sont installés depuis bien longtemps à Nantes. Leur crédo : faire rire. Et ces clowns y arrivent très bien, d’ailleurs ça fait 30 ans que ça dure ! Rencontre avec Freddy Mazet, l’un des protagonistes de la compagnie Maboul Distorsion qui joue toutes ses cartes sur des spectacles à voir absolument… en famille.

Vous êtes des clowns ?
On est des clowns ! On a été jongleurs, manipulateurs d’objets… et on a un peu gommé tout ça pour raconter des histoires. Aujourd’hui, c’est vraiment ce que l’on fait.

Des spectacles à voir de 5 à 85 ans, ce n’est pas facile… Vous faites comment ?
En fait, c’est hyper simple, on essaie juste de récupérer la sève de ce que l’on a créé. Parfois, on a l’impression de perdre notre temps parce qu’on a vraiment plein de matière, plein de trucs intéressants mais qu’on ne va pas forcément mettre dans un spectacle. On a un panel de choses et on pioche dedans en épurant pour ne garder que ce dont on a besoin, voire pourvoir synthétiser notre propos en une seule phrase. On adore détourner les objets usuels et on revendique le spectacle populaire, ce qui n’est pas du tout péjoratif ! On veut vraiment s’adresser à tout le monde. Du petit au grand. Chaque scène qu’on travaille, on se demande toujours : est-ce que c’est drôle ? Le moteur, il est vraiment là. Après, on a des moments qui sont juste poétiques mais il y a toujours le rire qui doit ponctuer et rythmer tout le spectacle.

Mais on ne rit pas toujours des mêmes choses à ces différents âges… Si ?
Non mais on fait du spectacle tout terrain. Qu’on joue en salle ou en rue, c’est toujours du comique de situation. On parle très peu, on reste des clowns. Pas de ceux qui ont de grosses chaussures et des nez rouges… des clowns contemporains. Avec les années, on a développé un truc particulier, une vraie identité propre à notre travail. On a fait des tournées de malade avec des jauges de bargeot dans toute l’Europe et où il y avait plein de gamins et ça marche ! Bien sûr, il y a toujours quelques personnes qui n’aiment pas ce qu’on fait mais, en règle générale, on passe vraiment un bon moment entre toutes les générations.

Vous dites qu’il y a plein de gamins à vos spectacles… ça n’est pas trop le bazar, du coup ?
Non, les enfants ont peurs de nous (rires). Le clown est le reflet de la société. Il est dur et il a un but, c’est prendre la place de l’autre. Tu peux aller loin là-dedans mais tu dois toujours rattraper le public. Pour La cuisine (+ 6 ans), on utilise des couteaux, des flingues et certains enfants ont peur mais on a un discours, on explique que c’est du faux… On fait aussi très attention à ce qu’il n’y ait jamais un parterre d’enfants devant nous. On demande aux parents de s’occuper d’eux pendant le spectacle quand ils sont un peu petits. On les prévient systématiquement et parfois même, on choisit la bonne place… un peu plus loin, pour prendre de la distance. Mais Watt ?, qui joue à Nantes en décembre, c’est plus soft !

Vous n’aimez pas vraiment les enfants quoi !?!
Ah mais moi je déteste les enfants… d’ailleurs j’en ai trois ! Non, plus sérieusement, ce que je n’aime pas, c’est quand le public est unique, avec une tranche d’âge, un seul milieu… Je préfère qu’il y ait une mixité dans tous les sens du terme.

Le spectacle, c’est donc un espace de partage avec le plus grand nombre pour vous ?
Ah mais complètement, à partir du moment où on est en interaction avec le public. On continue aussi à aller dans les quartiers. Et ce n’est pas toujours évident d’aller y jouer… Le théâtre de rue est en première ligne ; tu donnes les premiers codes qui ouvrent la voie au théâtre. Parfois, on est programmé dans des endroits complètement improbables mais on continue à le faire et il s’y passe des choses hyper belles. Respecter les acteurs, ça aussi ça s’apprend. Ce métier te permet cet échange, ce partage. On a d’ailleurs rencontré des gamins chez qui on a clairement suscité des vocations. Ce qui est important, autant en création qu’en tant qu’acteur, c’est de ne jamais se foutre de la gueule du monde.

Pour finir, les arts, c’est une éducation indispensable ?
Complètement, ça fait naître l’esprit critique. Quand tu crées, tu essaies de faire le truc le mieux possible. L’excellence, je m’en fiche un peu parce que ça peut t’enfermer mais, ce qui compte, c’est que ce soit drôle ou que ça mette les poils. C’est vivre une expérience. C’est aussi pouvoir faire carrière avec une seule idée (en référence à pouvoir synthétiser leurs créations en une seule phrase à chaque fois — NDLR). Sans esprit critique y a-t-il de vraies idées ?

Propos recueillis par Valérie Marion

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