29
novembre
2022

D’ABORD, TOUT UN PROGRAMME…

Depuis de nombreuses années, Mélanie Legrand officie chez Songo, l’association qui gérait l’Olympic puis Stereolux. Directrice de l’action culturelle, elle programme également les spectacles jeune public au sein de cette salle de musiques actuelles. Comment ça a évolué au cours des dernières années ou comment on fabrique une programmation ? Mélanie nous dit tout !

Le spectacle jeune public, dans une SMAC comme Stereolux, ça a beaucoup évolué ?
À l’époque de l’Olympic, on faisait des propositions de manière sporadique et très liées aux musiques actuelles. C’est en arrivant à Stereolux que ça a pris de l’ampleur et changé d’optique. Les premiers temps, elles tournaient exclusivement autour de l’art numérique. Il fallait que ce soit de l’image, des ciné-concerts, des spectacles transdisciplinaires… On n’était pas les seuls à faire des spectacles jeune public, beaucoup de salles avaient leur programmation et l’idée c’était de ne pas faire les mêmes spectacles qu’eux. On est donc passé de concerts de musiques actuelles comme Hocus Pocus, Mansfield Tya ou Pony Pony Run Run à une vraie programmation transdisciplinaire où les nouvelles technologies ont une place prépondérante.

La forme des spectacles a donc fortement changé ?
Oui, l’offre s’est étoffée et des gens comme Rick le Cube, par exemple, ont vraiment fait de la création numérique d’images spécifiquement pour ce genre de spectacles. Il y a des artistes qui se sont mis à chercher comment on pouvait s’adresser à un jeune public tout en restant exigeants. Les thématiques aussi ont évolué avec l’air du temps. Les artistes se sont emparés du déracinement, de la migration ou encore du changement climatique ou de l’urgence écologique. Tout ça sous une forme poétique… L’idée n’étant pas de générer de l’angoisse. Les nouvelles technologies aussi ont amené des formes qui mêlent aussi bien le théâtre, la danse, le théâtre d’objets, le mapping avec des danseurs… Ça n’a plus rien à voir avec l’idée « Guignol » qu’on pouvait avoir.

Tu programmes pour le grand public et pour les scolaires. C’est la même chose ?
Depuis quelques saisons, nous avons fait le choix de n’avoir qu’une programmation. C’est à dire que le spectacle du dimanche se joue également les lundis et mardis pour des scolaires. On fait donc très attention à qui le spectacle s’adresse. Un public de 2/4 ans n’est pas le même qu’un de 5/7 ans, ça marche vraiment par tranche d’âge. On est jumelé avec le quartier Malakoff depuis quelques années et les élèves de Henri Bergson et de Jean Moulin viennent voir tous les spectacles jeune public. Ils voient tous entre deux et trois propositions dans l’année et ça, pendant tout leur parcours de scolarité.

C’est vraiment une ouverture pour eux ?
C’est un truc de dingue ! Le one-shot, c’est bien, ça peut créer un électrochoc qui change la vie mais de venir de manière régulière, ça exerce l’esprit critique. Faire de l’action culturelle, c’est vraiment un truc de jardinier. Tu plantes de graines et parfois ça ne prend pas, parfois ça sort n’importe comment et parfois ça marche. J’espère et je pense quand même que ça marche. Ça permet aussi de s’échapper d’un quotidien qui n’est pas toujours rose, de ne pas gober tout ce qu’on te balance sans réfléchir. C’est faire en sorte de ne plus être que consommateur, de savoir dire pourquoi on a aimé ou pas. Ça permet d’ouvrir grand les yeux et les oreilles et on prend ce qu’on a à prendre pour soi. On s’en fiche que ce ne soit pas la même chose que le copain ! Il faudrait tout le temps confronter les enfants aux arts pour développer leur esprit critique.

Et ça ouvre d’autres portes ?
On se rend bien compte que dans notre société, certaines personnes pensent que les lieux culturels ne sont pas pour eux alors que les musées ou les salles de spectacles, c’est pour tout le monde ! Pour aller plus loin, cette année, j’ai co-programmé la saison avec des mamans de Malakoff. Ouvrir les portes, c’est aussi partager. Et c’est ça la notion de droit culturel, c’est permettre à tous de faire par eux-mêmes.

Propos recueillis par Valérie Marion

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