30
novembre
2021

JOUER, APPRENDRE OU LES DEUX ?

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"DOSSIER : JOUER !"

Jouer tout en apprenant, apprendre les mathématiques, le français, les sciences, tout en jouant, quelle belle idée ! Une idée qui semble bel et bien faire ses preuves puisque l’apprentissage par le jeu a pris une place essentielle dans les pratiques d’enseignement pédagogique, principalement en école élémentaire. Pourquoi ? Comment ? Reginald Legendre, professeur des écoles depuis plus de 20 ans en maternelle et en élémentaire, nous fait part de sa propre expérience sur le sujet et s’est pris au jeu de l’interview.

Quand tu as commencé à enseigner, le jeu a été une évidence ?
Si je dois parler de ma propre pratique en tant qu’enseignant, je n’ai pas abordé le jeu tout de suite. Au début j’ai plutôt fait la classe en mode « transmission », car je ne maîtrisais pas bien les tenants et aboutissants du jeu dans un cadre pédagogique, encore moins les méthodes d’évaluation. Je pense qu’il faut déjà avoir un peu d’expérience et de recul pour analyser le jeu et le mettre en place. Puis, je me suis rendu compte que c’était un plus, même un atout, quand j’ai eu des classes de maternelle. Car en maternelle le jeu est omniprésent dans les apprentissages. Il est intégré aux ateliers, à différents rituels de la journée et répétés tout au long de la semaine. Grâce à ces jeux, on se rend compte qu’il y a de vrais effets. Les tout-petits arrivent à acquérir des repères temporels et spatiaux en manipulant des cubes, en jouant avec un tas de jeux simples. L’enseignement en maternelle m’a donc permis de prendre conscience de l’importance du jeu. J’ai ensuite pu le décliner avec les plus grands. 

Quand tu dis plus grands, tu parles même des CM2 ? Tu peux me donner un exemple concret de jeu dans ce cas ?
Oui bien sûr, on peut mettre des jeux en place dans le but d’acquérir des compétences jusqu’en CM2, sous des formes différentes, mais ça reste toujours très présent. Au niveau des ateliers de mathématiques, on peut faire des jeux de géométrie, de calcul…Il faut préciser qu’il y a deux types de jeux : ceux où les enfants sont en autonomie et où ils vont être leur propre guide, une fois que les règles leur ont été expliquées, comme le jeu de l’oie pour les CP qui va leur permettre d’apprendre à compter jusqu’à 69.  Et puis il y a le jeu que l’on mène avec toute la classe. Par exemple, je fais souvent un jeu de calcul mental avec toute la classe que j’ai appelé le Bingo. Les enfants dessinent une sorte de grille, ils choisissent des nombres, dans une tranche que je leur donne, ceux que j’ai envie de travailler en réalité. Ensuite je leur livre des calculs, pour obtenir un des nombres de la grille. Ils vont donc faire des mathématiques, ils vont réfléchir, ils vont pouvoir réinvestir les méthodes mises en place. Puis ils valident, ils entourent, et dès qu’ils obtiennent une ligne de 3 bons résultats, ils crient Bingo !! Ensuite on vérifie les calculs qui ont permis de gagner. Les enfants adorent, ils sont à fond, attentifs et impliqués.

Les enfants te semblent plus concentrés quand tu mènes des jeux en classe ?
Oui complètement ! Dès lors que les enfants jouent, ils sont beaucoup plus investis ! Le jeu leur permet de sortir de cette position assise qu’ils doivent habituellement tenir en classe. Ils sont plus actifs. Donc plus réceptifs. Et surtout ce qui me semble important, c’est qu’ils ne se rendent pas compte qu’ils sont en train d’apprendre. Alors que beaucoup de compétences sont acquises pendant qu’ils jouent. Apprendre n’est pas vécu comme une contrainte, mais davantage comme un plaisir. 

D’après toi, l’apprentissage par le jeu permet-il d’aider les élèves qui rencontraient des difficultés à l’école ?
C’est compliqué de répondre à cette question de façon tranchée. Ce qui est certain, c’est que le jeu va donner de l’envie, du courage, du plaisir. Ce sont des conditions qui peuvent par exemple aider un élève à prendre la parole, et à prendre confiance. Les enfants semblent accepter plus facilement leurs erreurs dans le jeu, en groupe surtout. Se tromper fait presque parti du jeu, c’est ce que je leur apprends en tout cas. On n’est pas dans le jugement, on n’a pas gagné c’est tout ! Et ce n’est pas grave.

Mais alors, comment fait-on pour évaluer l’apprentissage par le jeu ?
Ce n’est pas toujours facile, surtout en grand groupe. À la fin du jeu, il faudrait pouvoir prendre un temps avec chaque élève, pour lui demander ce qu’il a retenu, quelles ont été ses difficultés, etc. En plus petit groupe, c’est donc plus facile d’évaluer. Je n’ai pas de recette miracle par rapport à ça. Mais certainement parce que mon objectif est surtout qu’ils se sentent bien, et s’ils se sentent bien ils vont mieux apprendre. On ne résoudra pas toutes les difficultés par le jeu, mais en tout cas le jeu va permettre de se sentir bien en tant qu’enfant et donc en tant qu’élève.

Propos recueillis par Sonia Laroche

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